Une date : le 11 mai…

En pensant à cette date qu’est-ce que cela nous fait ?

Enthousiasmés ? Dé-confinement, nous voici ! Un jour nouveau se lève avec des espoirs, des attentes, des envies… Est-ce le début d’une nouvelle vie, avec de nouvelles habitudes, des valeurs modifiées et plus présentes ? En 330, Byzance devenait ce jour-là la « Nouvelle Rome » remplaçant cette dernière comme capitale de l’empire romain. Et en 1865, l’ouverture du magasin parisien du « Printemps » crée un lieu depuis mondialement célèbre, un superbe exemple de l’ « art nouveau ». La nouveauté peut inspirer et gonfler d’optimisme… Comme si cette date était faite pour le changement !

D’y penser, cela peut aussi nous refroidir : c’est le jour du premier saint de glace ! C’est le jour où l’on peut ouvrir la porte à la résurgence du virus ! L’humain n’est pas très enclin au changement. Le premier réflexe est la peur de la nouveauté, et là nous sommes gâtés…

Le professeur Antonio Damasio, portugais travaillant en Californie après avoir été pendant près de 20 ans directeur du département de neurologie de l’université de l’Iowa, est celui qui a mis en évidence l’existence de nos « deux cerveaux » et de l’équilibre à trouver dans leur fonctionnement conjoint. En cas de danger, l’instinct émotionnel de survie est initié par l’amygdale. Mais l’hippocampe fait le lien avec la mémoire. Ces deux parties du cerveau fonctionnent en étroite collaboration.

Comment s’étonner de ce fait que suivant notre histoire, nos expériences, notre culture, nous réagissions différemment face à cet inconnu qu’est le changement, et que la peur puisse être vivement ressentie ? « Celui que le serpent a piqué prend peur d’une simple corde ». Ce proverbe Berbère image bien le fait que les risques que notre cerveau nous envoie sont souvent reliés à notre passé, mais ne sont pas toujours réels.

Comme le changement peut être interprété comme un danger, il est normal que notre cerveau éprouve une émotion – la peur – en identifiant un risque, afin que nous puissions mobiliser notre énergie et notre intelligence pour trouver une solution qui va nous protéger. Et ceci, en fonction de nos expériences passées.

Doit-on dès lors refuser cette peur ?

Certainement pas, car vouloir rejeter cette peur ne peut que l’amplifier. C’est comme nous l’avons vu un réflexe naturel et sain. Il faut l’accueillir, la laisser s’exprimer.

En revanche, la peur utile ne dure pas, car en mobilisant toute l’énergie de l’individu pour qu’il ait la force d’éviter le danger, elle est très fatigante et c’est là que l’on peut devenir vulnérable. Un danger est un élément ponctuel et non continu.

Mais comment gérer cette peur ?

En sophrologie, le ressenti de ce qui passe en nous à l’instant présent est primordial.

Nous avons certainement constaté que lorsque nous avons peur, les pensées négatives tournent en boucle. Elles font surgir la mémoire d’un passé justifiant cette peur. Elles nous font imaginer un futur mettant en scène les conséquences de ce qui fait peur. Et le présent ? Il n’est plus notre préoccupation, ce qui peut générer bien des attitudes irrationnelles.

Il nous faut être prévoyant tout de même ! Certainement, mais dans de bonnes limites. L’imagination d’un futur catastrophique n’est pas plus salutaire que la conscience de la réalité de ce qui se passe en ce moment précis.

Alors pour gérer notre peur, faisons l’effort de revenir au présent, de constater que le danger n’est pas immédiat et de prendre du recul pour consentir à accepter qu’il ne se réalisera peut-être tout simplement pas. En vivant l’instant présent nous ne sommes pas utopistes, mais simplement réalistes. Le passé n’est plus là et le futur n’existe pas encore. En se concentrant sur ce qui fait notre vie du moment, nos gestes, notre respiration, nos perceptions immédiates, nous pouvons dissiper la peur dès que le danger est passé et qu’elle devient néfaste.

Essayons… et en prenant les dispositions immédiates pour nous protéger, les fameux « gestes barrières », n’ayons pas peur de rouvrir notre porte pour nous enrichir de la relation avec les autres et avec la nature.