Il y a bien des façons de marcher, et bien des buts à la marche.

L’expérience de laquelle j’ai envie de vous faire part aujourd’hui est celle que j’ai vécue avec la « marche de la liberté » plus précisément appelée en relaxation dynamique du 9ème degré de la sophrologie, « la marche de la liberté existentielle et de l’intentionnalité ».

Un terme bien compliqué pour une réalité toute simple : marcher en utilisant sa liberté de choix : choix de la vitesse du pas, choix de la direction, choix de la durée de la promenade, choix de ce à quoi je veux faire attention pendant celle-ci, choix de me laisser surprendre comme si c’était la première fois que j’arpentais ce lieu…

Ma promenade au parc

J’ai opté pour un grand parc parisien, proche de mon lieu de travail, un jour venteux mais d’agréable température. Au début, j’avoue avoir été très concentré sur la régularité de mon pas, sur mon attitude, sur ma respiration… Mais très vite, le pas s’est fait naturel et mon mental a lâché la plupart des pensées qui l’encombraient. Je marchais sans but (ce qui ne m’arrive guère !) surpris par la sensation du sol un peu gravillonneux sous mes chaussures et par la multitude de détails offerts par l’environnement : la forme de ce tronc, la couleur d’un parterre, le sautillement d’un moineau, le rire de deux enfants se pourchassant, l’émotion captée sur le visage d’une personne croisée, l’odeur forte des herbes coupées entassées dans un recoin, la pression changeante du vent sur ma peau…

Ayant pourtant souvent pris ces mêmes allées pour couper par ce parc, j’en découvrais avec un immense plaisir mille détails. Le temps était comme suspendu. Je n’avais aucun but sauf de vivre librement ces instants. Ce parc se livrait à moi bien davantage me semblait-il que si j’avais voulu l’examiner avec méthode et rigueur. Pas d’analyse. Juste un accueil.

L’effet de la liberté

J’ai senti se développer petit à petit dans ma poitrine une impression de liberté rarement éprouvée jusqu’alors. Cette plénitude m’était offerte. Mes sens et mon mental étaient délivrés des contraintes du travail que j’avais quitté le temps de cette pause. Je sentais mon cœur allégé, le sourire effleurant facilement mes lèvres à la vue d’un bébé s’agitant dans sa poussette, d’un chat dissimulé dans un taillis, d’un arbuste étrangement penché comme me faisant une révérence…

Si cette promenade m’a si profondément fait me sentir en harmonie avec moi-même et avec l’environnement, c’est certainement que je n’en attendais rien de particulier, juste un temps pour respirer et me dégourdir les jambes.

J’ai repris mon travail (certes avec le regret de clore la parenthèse) me sentant confiant, en plénitude de mes moyens, clairvoyant.

Comme si c’était la première fois ?

Que se passera-t-il si je retourne dans ce parc lors d’une prochaine pause ? N’aurai-je pas la tentation de rechercher le même plaisir, de comparer mes expériences, d’être en attente d’un résultat ? J’ai l’intuition que si je suis dans cet état d’esprit je serais déçu.

Il n’est pas facile de faire comme si c’était la première fois ! Il n’est pas si aisé d’être libre ! Mais si l’on y arrive, je crois que ce sentiment imprévu aussi fugitif que puissant… ce doit être cela le bonheur.