Mieux vivre malgré l’incertitude, je pourrai même dire « les incertitudes » est un objectif indispensable mais qui parait bien illusoire !

Force est de reconnaître que l’incertitude est ce qu’il y a de plus certain en ce mois d’avril que ce soit au plan médical, économique, politique, environnemental, social…

Tout le monde n’est pas égal par rapport à l’inconnue du futur. Certains peuvent supporter de ne pas avoir immédiatement des prévisions à priori fiables, d’autres vont compenser cette absence d’assurance par diverses anticipations plus ou moins alarmantes.

Je rencontre de plus en plus de personnes qui après un mois de confinement, ballotées par des informations contradictoires, sentent progressivement l’angoisse les submerger.

Que pouvons-nous faire pour diminuer cette angoisse ?

1- Acceptons le fait de se sentir angoissés

Carl Gustav Jung,  médecin psychiatre suisse de la fin du 19ème siècle , a souligné que « tout ce à quoi l’on résiste persiste ».

Il est inutile de résister. Inutile de le nier, et encore plus à soi-même : « je suis angoissé ». Identifions les pensées qui nous viennent le plus souvent, que nous ressassons. Donnons-leur un nom et notons ce ou ces noms sur un papier.

Laissons nos sensations physiques devenir conscientes jusqu’à pouvoir délimiter les régions où elles se manifestent et leur intensité. Ai-je la gorge serrée ou l’estomac douloureux… ? Ai-je les mâchoires crispées ou le front tendu… ? Là encore prenons acte de ces constatations, sans essayer de les expliquer ou de les juger, juste ressentir ce qui certes n’est pas agréable mais qui est notre réalité à cet instant. Acceptons-la.

Et prenons le temps de respirer lentement… en soufflant bien tout l’air de nos poumons.

Au bout de quelques minutes, si nous nous concentrons sur nos sensations corporelles et notre respiration, notre mental ne prendra plus le dessus.

2- Recherchons ce qui dépends de nous

Nous venons de noter les pensées qui nous tracassent. Prenons chacune d’elles et demandons-nous si nous pouvons faire quelque chose pour nous prémunir contre le risque qu’elle suggère.

Si nous pouvons faire quelque chose, faisons-le afin d’aller mieux, ou programmons-le s’il nous faut un délai. En réalisant cette action, prenons le temps de consciemment être satisfaits, fiers, voire heureux d’avoir trouvé le moyen de gérer cette question.

3- Lâchons-prise sur ce qui ne dépend pas de nous

Si l’on ne peut rien faire car cela ne dépend pas de soi… alors à quoi bon nous épuiser (car cela épuise réellement l’énergie de l’organisme) à envisager le pire qui ne se produira peut-être pas ? Si nous n’avons pas de moyen d’action, il nous faut laisser aller les événements jusqu’à retrouver la possibilité d’agir. Il nous faut accepter de lâcher sur tout ce qui n’est pas sous notre contrôle. Rappelons-nous de cette formule de Marc Aurèle : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »

Ce n’est pas lâche ou faible d’adopter cette attitude, mais simplement réaliste.

4- Vivons le moment présent

Nous venons d’agir sur ce qui est en notre pouvoir, et de lâcher-prise sur ce qui ne l’est pas. Là encore, soyons conscients et félicitons-nous de ce que nous venons de vivre, de la réaction que nous avons eue.

Et l’esprit plus disponible, goûtons la moindre sensation agréable, le plus petit événement favorable. Offrons-nous un instant de paix et de détente sans penser au passé et surtout au futur… vivons simplement le présent en plénitude. Plus proche de notre corps sentons la fraîcheur de notre respiration, le rythme de notre cœur, en certains endroits la perception de notre circulation sanguine qui nourrit tous nos organes… interrogeons chacun de nos sens, et laissons-nous quelques minutes de tranquillité.

Si nous avons l’âme poétique, nous pouvons enfin nous rappeler ces vers admirablement interprétés par Jean Gabin par lesquels il acceptait de ne pas tout savoir :

« Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU’ON NE SAIT JAMAIS !
La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses.
C’est tout c’que j’sais ! Mais ça, j’le SAIS… ! »