La rentrée, nous l’entendons autour des écoles et des collèges et dans les reportages à la télévision, a été attendue par les jeunes car c’est le temps de retrouver les camarades. Cette motivation principale est une évidence pour tous ceux qui vivent avec les enfants et les adolescents. Les professeurs en sont conscients.

La rentrée reste souvent néanmoins un sujet d’inquiétudes pour beaucoup. D’ailleurs, cela n’est pas limité aux enfants. Les adultes, à la veille de reprendre le travail, sont également fréquemment confrontés à des peurs ou des angoisses.

Lorsque ces adultes sont aussi parents (ou enseignants), il est important qu’ils sachent bien faire la différence entre leur propre émotion et celle du jeune. Il ne s’agit pas de cacher son émotion, mais pour bien comprendre le jeune, il s’agit de ne pas confondre ces émotions : les siennes et les nôtres.

Est-ce normal d’avoir peur de la rentrée ?

C’est une question qui est parfois posée. Sans attendre, rappelons qu’une émotion est toujours normale, qu’elle n’est ni bien, ni mal. Elle peut être désagréable, comme dans le cas présent. Mais elle a sa raison d’être.

Quelle est l’utilité de la peur ?

Ressentir de la peur, c’est prendre conscience qu’il y a un danger à proximité. Peu importe que ce danger soit réel ou imaginaire ! Pour la personne qui a peur, c’est réel, et l’organisme se met immédiatement en réaction : recherche de l’élément de risque et préparation à le fuir, à le combattre… ou à se figer dans l’espoir de passer inaperçu.

La peur de la rentrée n’est pas de ces peurs qualifiées d’innées. Elle a été construite soit par des expériences précédentes, soit par la crainte de l’inconnu lors d’un changement, soit par la perception d’une anxiété générale qui alerte le mental.

Elle est utile à une condition : qu’elle puisse être extériorisée.

Toutes les peurs se ressemblent-elles ?

La réponse est négative. Le ressenti de cette peur, son ampleur, sa persistance dépendent des causes, mais surtout des personnes.

Il est toujours préférable de comprendre ce qui cause la peur, car il est plus facile de ramener celle-ci à sa juste place en prenant du recul. Et il est plus facile également d’en parler, ce qui est primordial.

Pour un jeune, la rentrée scolaire peut être pénible car c’est une rupture avec les parents pour la journée. Ce sera fréquemment le cas des plus petits qui n’ont pas l’habitude de passer la journée loin de leur famille.

La peur de l’échec se retrouve également souvent, en fonction des difficultés des années précédentes, ou en fonction de la pression de réussite qui peut peser sur le jeune (ou qu’il peut – s’il est perfectionniste – s’imposer à lui-même !). Elle est souvent liée à la peur de décevoir.

Autre cause de peur lors d’une rentrée, c’est la crainte relationnelle. Quelles relations avec les camarades (avec qui serai-je dans ma classe ? Avec mon ou ma meilleur(e) camarade ?) avec les professeurs (vais-je avoir untel ou unetelle ?).

Que faire de cette peur ?

Voici quelques pistes :

  • Reconnaissons cette peur. Même si cette peur semble infondée, elle est là et il est important de montrer au jeune que l’on a entendu sa peur, et que c’est utile qu’il l’exprime à sa façon (colère, pleurs, isolement et mutisme, refus d’aller en cours, identifications de douleurs physiques tels des maux de ventre, des nausées, des maux de tête, des insomnies…).

 

  • Accueillons-la avec lui, avec bienveillance : il n’est pas nul parce qu’il a peur ! Il faut le lui dire. Il faut qu’il en soit convaincu car trop souvent il va ajouter la culpabilité ! Accueillir sa peur ne signifie pas être d’accord avec elle. Je peux l’accueillir sans même la comprendre. L’accueillir signifie que j’accepte qu’elle soit là, je la reconnais en tant que peur. Je n’essaye pas de la rejeter car cela ne ferait que la renforcer ! Accepter de ressentir une émotion lui permet déjà d’être moins agressive. C’est étrange de penser qu’une émotion peut réagir à notre façon de l’envisager… et pourtant c’est vrai. L’accepter permet déjà qu’elle s’autorise à se calmer.

Accueillir cette peur avec bienveillance, c’est aussi permettre à la confiance en soi de revenir. Cette ressource qui est en moi, si je la laisse intervenir me rend plus fort et me permet d’envisager que je peux surmonter la difficulté qui se présente ou le risque qui a été perçu.

 

  • Apaiser le corps : nous l’avons signalé, la peur est perçue par le corps et nous constatons différentes souffrances ou malaises. En sophrologie ou méditation de pleine conscience notamment, la conscience de son corps, de ses points d’appuis, de sa réalité physique à l’instant présent, initie des mécanismes qui s’opposent à l’anxiété. Avec de l’entraînement, penser à chaque partie de son corps, en percevoir les sensations, la réalité vécue au présent, réduit les peurs et les angoisses. Mais si le jeune n’a jamais pratiqué ces techniques, il peut déjà simplement respirer lentement en soufflant deux fois plus longtemps qu’il n’inspire, et ce pendant quelques minutes. Ce type de respiration active le système nerveux appelé « parasympathique » qui est celui qui apporte le calme et la relaxation.

 

  • Le mental peut aussi être apaisé ! Calmer le corps ainsi que nous venons de le faire aide le mental à reprendre son équilibre. Pour l’aider à revenir dans un état plus agréable, une fois la peur réduite, il est possible de penser à une situation ou à un lieu qui fait du bien (vacances, fête, promenade, musique, jeux…). En se concentrant sur cette évocation d’un souvenir agréable ou heureux, le mental relâche la tension. Il ne peut penser à deux choses à la fois ! C’est comme s’il reprenait son souffle après un gros effort ou une apnée.  Il est soulagé.

 

  • Une fois l’émotion réduite ou dissipée, le temps peut être venu de regarder en face la situation dédramatisée, afin que si elle se présente à nouveau, elle puisse être plus facilement gérée et que l’émotion qu’elle suscite soit moins forte, voire inexistante.

 

Vous voilà « outillés » pour aider votre jeune ces prochains jours… et vous aussi peut-être par la même occasion !

Bonne seconde semaine de septembre à tous.