Lorsque l’on interview des personnes venant d’expérimenter pour la première fois une séance de sophrologie, l’on recueille très fréquemment des impressions liées à la voix du sophrologue. En réalité plutôt que la voix, c’est un ensemble d’éléments qui fait qu’en sophrologie le parlé a une telle importance.
Le créateur de la sophrologie, le Professeur Caycedo, dans ces indications sur le « Terpnos Logos » (façon de parler du sophrologue), est davantage attentif au mode de discours que simplement à la tonalité de la voix.
Une voix douce et monocorde
Certes, la voix est attendue calme, douce et assez monocorde afin de faciliter le relâchement musculaire et l’accalmie des pensées. Le contexte et notamment les bruits environnants, l’intention de la séance, la sensibilité du client peuvent amener le sophrologue à moduler la tonalité, la lenteur et la fréquence de sa voix.
J’aime assez la description de Patricia Grévin lors de son intervention à la Semaine du son en 2019, décrivant une voix « intériorisée, en empathie avec la personne accompagnée. Les mots jaillissent en fonction du besoin du sujet, le rythme de la voix s’adapte, s’impose avec l’intonation, avec l’intention souvent, également avec des temps de silence. Le rythme doit être relativement lent pour que le sens des mots soit correctement perçu ; comme si le mot était une vibration qui se dirige vers la personne que l’on accompagne et revient vers nous. La voix ne doit pas envahir, elle doit induire le relâchement, l’apaisement, la confiance, le bien-être, l’adhésion par un tempo régulier. »
Une voix qui accompagne
La voix accompagne. Elle doit être facilitatrice ainsi que nous le voyons dans la littérature déjà dans l’Iliade d’Homère, où chez Platon dans son ouvrage de jeunesse « Charmide » : la voix agit en complément des remèdes ou onguents. Socrate précise qu’il convient de guérir en même temps le corps et l’âme, et souligne donc l’intérêt de la voix en plus du remède médical.
Le sophrologue à la différence de l’hypnothérapeute doit avoir un langage neutre évitant les suggestions, afin de permettre à son client de vivre sa propre expérience et de se créer sa propre interprétation. Il guide dans une intentionnalité liée au thème de la séance mais les images et contenus de la représentation restent de la liberté du client.
Le Terpnos Logos fait se porter l’attention du sujet sur une représentation déterminée, mais n’oriente jamais son contenu, ni sa nature.
Le dictionnaire des concepts, techniques et champs d’application de la sophrologie, ouvrage collectif dirigé par le sophrologue Richard Esposito, explique que c’est ce qui permet à la sophrologie d’agir sur les capacités de la conscience.
J’illustrerai volontiers cette méthode par une citation de Philippe Claudel dans son ouvrage « L’arbre du pays de Toraja » lorsqu’il fait part de sa sensibilité aux images : « … je préfère les images, qui ont l’avantage d’être incertaines et rêveuses, et d’offrir à celui qui les conçoit comme à celui qui les reçoit la possibilité de les habiter à sa guise ».
Une méthode qui conduit à l’autonomie
Récemment une collégienne de 3ème que j’accompagne constatait : « Je ne sais si c’est parce que je commence à avoir l’habitude de la sophrologie, mais j’entre de plus en plus facilement dans les images pendant la séance ».
La sophrologie étant une méthode faite d’expériences, le client doit pouvoir librement les créer et les vivre à partir de ce que dit le sophrologue en apportant sa propre interprétation aux mots employés. Au fur et à mesure des séances, il gagne ainsi en autonomie.
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